Vulgarisation scientifique - Les chiens perçoivent des impacts plus important des éoliennes sur les chauves-souris et les oiseaux.
- AC Détection Canine
- 18 mai
- 4 min de lecture
Dogs Detect Larger Wind Energy Effects on Bats and Birds

Introduction
Dans le but de limiter l’utilisation des énergies fossiles, l’énergie éolienne connaît un essor considérable à travers le monde. Cependant, depuis l’installation des premières éoliennes, d’importantes mortalités ont été observées chez les chauves-souris et les oiseaux, principalement en raison de collisions ou de barotraumatismes.
Les méthodes d’estimation de la mortalité due aux éoliennes reposent sur la recherche de carcasses au sol, puis sur des calculs statistiques basés sur leur nombre. Plus on retrouve de carcasses, plus l’estimation est fiable, car cela limite les erreurs liées aux biais et aux carcasses non détectées.
Objectifs de l’étude
Comparer les performances des humains vs chiens
Comparer le coût des méthodes
Comparer les facteurs qui influencent l’efficacité des deux méthodes
Etudier les conditions qui influencent l'échec de détection des chiens
Méthodes
L’étude utilisant des chiens de détection a été menée sur deux parcs éoliens en Californie, comprenant respectivement 38 et 48 éoliennes. Les recherches ont été réalisées à l’automne, durant la période de migration des oiseaux et des chauves-souris, une phase particulièrement propice à une mortalité accrue.
Les chiens ont effectué leurs recherches le matin, cinq jours par semaine, dans un rayon de 75 à 105 mètres autour des éoliennes selon les sites, couvrant ainsi entre deux et trois éoliennes par jour. Au total, ils ont inspecté 55 éoliennes sur le premier site et 76 sur le second.
Les recherches ont été menées sur les mêmes sites, par des humains, quelques années auparavant.
Les deux chiens recrutés dans cette étude ont bénéficié d’un entraînement spécifique de deux semaines. Guidés par leur conducteur, ils suivaient les mêmes transects que les observateurs humains, tenus en longe de 5 mètres, puis étaient détachés sur une partie de la zone de recherche pour gagner en autonomie. Chaque chien travaillait au maximum 2,5 heures par jour, consacrant entre 1,5 et 2 heures à la prospection autour de chaque éolienne.
Des tests de détection ont également été menés : des expérimentateurs plaçaient, la veille des recherches avec les chiens, des carcasses d’espèces, de poids et de niveaux de décomposition variés mais précisément connus.
Résultats
Les chiens ont trouvé 24 chauves-souris et 26 oiseaux lors de 76 recherches autour des éoliennes du premier site, et 71 chauves-souris et 63 oiseaux lors de 55 recherches sur le second site.
Parmi les carcasses placées la veille des recherches, et encore présentes (non enlevées par des charognards), les chiens ont détecté 96 % des chauves-souris et 90 % des oiseaux.
Après utilisation des formules,ajustées avec les événements de mortalités réels observés sur les sites, l’estimation du nombre de chauves-souris tuées par mégawatt (unité de puissance des éoliennes) était 6,4 fois plus élevée avec les chiens qu’avec les humains sur le site 1, et 4,2 fois plus élevée sur le site 2. Pour les oiseaux, les estimations étaient 1,6 fois supérieures avec les chiens sur le site 1, et 2,7 fois supérieures sur le site 2.
En rapportant le nombre de carcasses trouvées à la surface prospectée et au temps consacré, le coût par carcasse détectée variait de 827 à 770 $ pour les chiens, contre 1 247 à 3 311 $ pour les humains. Les chercheurs humains se sont avérés plus coûteux par espèce détectée et n’ont identifié que la moitié des espèces retrouvées mortes, entraînant ainsi une perte d’informations précieuses pour l’évaluation de l’impact.
Aucun des facteurs testés, tels que le poids ou la visibilité des carcasses, n’a influencé l’efficacité de détection des chiens lors des essais contrôlés. Sur les 15 carcasses de chauves-souris et d’oiseaux non retrouvées, 67 % l’ont été lors de journées où l’équipe cynophile était accompagnée d’un superviseur ou d’un photographe, soit près de quatre fois plus souvent que prévu. Par ailleurs, une carcasse de chauve-souris a été manquée lors de la toute première sortie des chiens.
Conclusions
Compte tenu du taux de réussite élevé lors des tests en conditions contrôlées, la confiance dans la capacité des chiens à détecter la majorité des carcasses en conditions réelles est élevée. Cette conclusion rejoint l’ensemble des études qui soulignent la grande efficacité des chiens pour la recherche de mortalités sous les éoliennes.
Grâce à leur capacité à détecter davantage de carcasses que les humains, les chiens ont permis d’estimer des taux de mortalité jusqu’à 6,4 fois plus élevés pour les chauves-souris et 2,7 fois plus élevés pour les petits oiseaux. Ils ont également doublé le nombre d’espèces recensées dans les estimations de mortalité et amélioré la précision des résultats.
Lorsque les chiens peuvent être déployés à un coût compétitif, les solutions de surveillance et d’atténuation se développent plus rapidement, grâce aux données bien plus complètes recueillies par ces équipes cynophiles dans le cadre des projets éoliens.
Limites
Les résultats de cette étude doivent être nuancés en raison de certaines limites méthodologiques qu’il convient de souligner.
Tout d’abord, seulement deux chiens ont été utilisés, formés quelques semaines avant l’étude et nous avons très peu d’informations sur l'entraînement suivi. Cela peut avoir affecté leurs performances, en particulier les temps de recherche et les coûts associés.
Le principal biais de cette étude réside dans la comparaison entre les performances des chiens et celles des humains, car les résultats des chiens en 2017 sont confrontés à ceux des humains obtenus plus de cinq ans auparavant. Or, les taux de mortalité varient d’une année à l’autre, et des études récentes indiquent même une diminution de la mortalité avec le vieillissement des parcs éoliens.
Source : Smallwood, K. S., Bell, D. A., & Standish, S. (2020). Dogs Detect Larger Wind Energy Effects on Bats and Birds. The Journal of Wildlife Management, 84(5), 852–864. https://doi.org/10.1002/jwmg.21863
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